La question de l'éducation est abordée à deux occasions.
7. Dans sa communication, le Congrès mondial amazigh (CMA) 10 signale avec inquiétude que la législation et les pratiques institutionnelles s’attachent à promouvoir exclusivement l’identité arabo-islamique et qu’ainsi la Tunisie nie tout simplement l’existence même de centaines de milliers d’Amazighs tunisiens, population autochtone, non arabe, dotée de ses propres éléments identitaires (langue, traditions, culture, etc.). Des préoccupations similaires sont exprimées par Tamazgha, qui indique en outre que la langue berbère n’est pas enseignée dans le système éducatif tunisien et que les manuels scolaires ne consacrent aucune place à l’enseignement de l’histoire des Berbères ni à leur civilisation. Tamazgha ajoute que les projets de développement, de promotion et de soutien de la culture n’ont pas inscrit la culture berbère dans leurs priorités.
8. Le Congrès mondial amazigh se dit également préoccupé par le fait que la dimension sociale et culturelle amazighe étant occultée, l’enfant amazigh subit un système éducatif qui falsifie son histoire, heurte ses convictions personnelles, réprime sa liberté de conscience et méprise sa culture. Il note que les Amazighs n’ont pas le droit de créer des associations à caractère social ou culturel, que les prénoms amazighs sont frappés d’interdiction, qu’il n’existe aucune information en langue amazighe dans la presse écrite et les médias audiovisuels publics tunisiens, qu’il n’existe aucune production culturelle amazighe bénéficiant de moyens publics et que les populations amazighes de Tunisie n’ont aucun droit à l’expression culturelle dans leur langue. Les mêmes préoccupations sont exprimées par Tamazgha. En outre, selon le Congrès mondial amazigh, le système de surveillance policière et les violences institutionnelles (menaces, intimidations) exercées «à titre préventif» constituent des moyens de dissuasion efficaces envers les citoyens. En conséquence, les Amazighs de Tunisie n’osent même pas dire librement et sans crainte qu’ils sont Amazighs et vont jusqu’à se priver de parler leur langue dans les espaces publics. Ils se préservent ainsi de la menace policière au prix de leur silence et du refoulement de leur identité.