7 - L’EPU : un processus éducatif menant à une culture des droits de l’homme

Changer la perception des droits de l’homme : le cas de la Suisse et de la Cour Européenne des droits de l’homme
M. David Cornut, responsable de campagnes, Amnesty International – Suisse
(http://www.amnesty.ch/fr et https://www.facebook.com/Amnesty.Suisse).

L’invité présente la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), créée en 1949. Cet organe juridictionnel supranational serait en danger. Cette entité s’inscrit au sein d’un forum, le Conseil de l’Europe, créé la même année. Un an plus tard, est signée la Convention européenne des droits de l’Homme, qui entrera en vigueur trois ans plus tard. La Suisse adhérera à cette Convention en 1974. Il s’agit d’un instrument qui a renforcé et défendu les droits de l’Individu en Europe. Mais la montée des populismes, notamment en Suisse et en Hongrie, vient en quelque sorte fragiliser l’État de droit. En Suisse, l’initiative populaire de mise en œuvre émanant d’un parti populiste est acceptée par les autorités politiques du pays, contrevenant ainsi au droit international, souligne-t-on. Ce même parti politique lance aujourd’hui même une autre initiative nécessitant 100 000 signatures en vue de « couper les ponts avec Strasbourg ». Si cette initiative était couronnée de succès, la Suisse, de facto, « sortirait du droit international ». Ce pays s’exposerait alors à des sanctions, et pourrait devoir se retirer du Conseil de l’Europe, au risque de figurer sur le banc des mauvais élèves aux côtés de la Biélorussie. (http://www.humanrights.ch/upload/pdf/140516_La_Suisse_risque-t-elle_de_figurer_a_cote_de_la_Bielorussie_.pdf). C’est dans ce contexte qu’AI-Suisse a lancé une vaste campagne pour rappeler l’importance de la CEDH pour le pays. (http://www.amnesty.ch/fr/pays/europe-asie-centrale/suisse/docs/2014/cedh-amnesty-salue-la-visite-du-president-de-la-cour-de-strasbourg-au-conseil-national). L’opposition aux « standards internationaux » de la Cour européenne se retrouve aussi en Angleterre et en France. Il convient d’analyser ce que veulent ces opposants et comment leur message est perçu par la population. Le vieillissement de la population en Suisse comme en Europe favoriserait cette posture conservatrice. Pour contrer celle-ci, il faut s’adresser directement à la population et discuter avec elle de contre arguments que l’on met de l’avant, par exemple un retour sur la création d’un État de droit et le rôle qu’y joue la démocratie (vue comme la protection de tous, sans exclusives). Il faut aussi parler publiquement (universités, écoles, églises,…) de décisions de la CEDH prises en faveur de la protection des droits en Suisse sans oublier de sensibiliser les médias à ces enjeux.

Travailler avec les réseaux sociaux
M. Sébastien Duyck, spécialiste du droit de l'environnement, co-responsable du groupe de travail « changement climatique et droits de l'Homme » de la Convention cadre de l'ONU sur le changement climatique (UNFCCC), Université de Laponie, Finlande

Uniquement à titre indicatif, nous invitons le lecteur à consulter le site : International Media Support (http://www.mediasupport.org/), un article sur la place des médias sociaux dans l’information journalistique (http://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-journalisme-internet-libertes/la-place-des-reseaux-sociaux-dans-l-information journalistique.html) ainsi que « Réseaux sociaux : un nouveau média pour l'exercice et la promotion des libertés fondamentales? » (http://www.spidh.org/uploads/media/Reseaux_sociaux_et_libertes_fondamentales.pdf). Le recours aux réseaux sociaux permet, dans un aller-retour permanent, de faire entendre la voix de la société civile autant au plan domestique qu’à l’échelle des Nations Unies lorsque, par exemple, les gouvernements sont réunis au sein du Conseil des droits de l’Homme en vue de l’EPU d’une part et lorsqu’ensuite ils ont à mettre en œuvre dans leur pays les recommandations dont ils ont été l’objet lors dudit examen. Le rôle d’information et de sensibilisation de l’opinion publique par le truchement de ces réseaux doit attirer l’attention autant des journalistes que des gouvernements. La crédibilité des sources d’information de même que la relation de confiance entre ces réseaux et les destinataires de ces savoirs diffusés importe grandement. Notons également certaines façons d’intervenir, sachant par ailleurs que ceux et celles à qui est destinée l’information sauront sans doute apprécier que celle-ci soit présentée sous une forme attrayante (« strory telling », par ex.) qui puisse inviter à l’action tout en précisant la portée et la limite du champ d’intervention. Sachant par ailleurs que les publics sont différents et variés (syndicats, corporations, groupes d’intérêt, simples individus, etc. - tout en tenant compte de leurs espaces socio-géographique respectifs de vie -), il convient d’adapter l’information en conséquence tout en cultivant le sens de l’événement et en préservant l’économie générale de l’intention d’origine. À ce titre, l’on pourra recourir à différents moyens de diffusion (Twitter, Facebook, plateformes d’échanges, etc.) dont la palette va grandissante avec l’évolution continue des technologies de l’information et de la communication. Un travail conséquent sur le long terme commande également une politique et une stratégie d’évaluation et de suivi de l’ensemble des actions menées.